mardi 4 mars 2014

Le prix des logements, les normes, le PTZ et les taux d'intérêt


Dans la seconde heure de l’émission Votre Maison sur RMC, Christian PESSEY et François SOREL s’intéressent à la crise du logement avec l’alarmante baisse du nombre de mises en chantier de logements neufs et de permis de construire accordés.
Autour de la table : Bruno POULARD, rédacteur en chef de Batiweb et Cyberarchi, Bertrand SABLIER, délégué général de la Fédération Française du Bâtiment, Maël BERNIER, responsable de la communication chez Empruntis (site de courtage en ligne) et Dominique De SAUZA, Président de l’Union des Constructeurs Immobiliers.

Voici quelques extraits du débat :

Bertrand SABLIER : «Il y a véritablement une crise du logement aujourd’hui, on estime qu’il manque environ 1 million de logements et ce retard n’est pas rattrapé malgré les engagements du Président de la République à construire 500 000 logements par an. Les attentes de nos concitoyens ne sont pas satisfaites avec seulement 330-340 000 constructions. Les conséquences de cette situation c’est que les ménages modestes ne peuvent accéder à la propriété, les chômeurs ne peuvent pas se permettre la mobilité, certaines entreprises ne peuvent pas loger leurs salariés. »

Dominique de SAUZA : « Les prix ont atteint aujourd’hui un niveau qui désolvabilise de nombreux acquéreurs, mais ceci est essentiellement dû à l’empilement réglementaire et normatif qu’a subi le secteur de la construction depuis une douzaine d’années pour, certes, donner des habitations plus performantes thermiquement et phoniquement, mais le seuil du supportable est lui aussi atteint. Parallèlement à cette évolution, le coût du foncier a fortement augmenté. »

Bertrand SABLIER : « La différence de prix au m2 selon les villes montre bien que ce n’est pas le travail des promoteurs qui fait les prix mais bien le coût du foncier. Quant aux normes, elles partent d’un bon sentiment, souvent d’économie d’énergie, de sécurité, ou d’accessibilité, mais elles impactent sur le prix, directement et indirectement avec des constructeurs qui doivent se former. Et le pire, c’est que pour l’ancien on entend de plus en plus parler d’obligation de travaux. Avec la norme sur l’accessibilité dans tous les logements, on tombe dans l’excès, il faut que tout bâtiment devienne accessible dans les 4 ans alors que le secteur public, sensé donner l’exemple, s’est repoussé lui-même la mise en œuvre de cette norme en 2024 ! »

Bruno POULARD : « Le prix et le confort phonique sont devenus des critères essentiels, la conformité aux normes sont des charges en moins pour la suite

Maël BERNIER : « Les taux d’emprunt sont effectivement bas, mais les critères d’endettement pour les banques restent à 33% des revenus. Le niveau des prix élimine de fait de nombreux potentiels acquéreurs. Il existe des dispositifs pour aider à l’achat, le PTZ par exemple, mais les gouvernants ont tellement rabaissé la limite des conditions de revenus pour l’obtenir que ceux qui sont eligibles à ce prêt à taux zéro n’ont pas les moyens d’acheter. Pour couronner le tout, les droits de mutation vont augmenter au 1er mars, ajoutant encore des frais à l’acquisition

François SOREL : « On se demande si les gouvernants veulent vraiment qu’on utilise ces prêts pour l’acquisition d’un logement ».

Bertrand SABLIER : « Le prêt à taux zéro, créé en 1996 par P.A. PERISSOL, a permis à 1 million de personnes d’en profiter, essentiellement des jeunes. Le fait d’avoir raboté les conditions d’accès à ce prêt de façon drastique est un drame pour les jeunes générations qui ne peuvent plus bénéficier de cet outil. »

Maël BERNIER : « Aujourd’hui les banques ne prêtent plus sans apport, il faut au moins être en mesure de payer les frais de notaire. Les taux en février 2014 tournent autour de 3,35%. Le taux d’endettement ne doit pas dépasser 33%, autrement dit, un couple qui gagne 3000 a une capacité de remboursement de 1000. La situation professionnelle de l’emprunteur est très importante, le CDI est un bon passeport vers le crédit. Il faut éviter tout découvert dans les mois qui précèdent la demande de crédit. Une épargne régulière, ne serait-ce que minime, est un bon exemple de gestion en « bon père de famille ». Les taux d’emprunt devraient rester bas jusqu’en juin, mais le poids de la dette française va finir par peser et se faire ressentir par les banques. »

Retrouvez le podcast de cette émission ici: Votre maison

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